Silence, on ferme !

Après la fermeture du site des bumpriders, vaincus par la pression sarkophage, après la fermeture des stations de sports d'hiver, vaincues par le retour des beaux jours, c'est au tour des Happy Hours de baisser pavillon. Les plus optimistes d'entre-vous me rétorqueront que ce n'est pas encore fait, que ça ne passera pas. Erreur mes seigneurs, contrairement au fascisme, la connerie est toujours passée. C'est d'ailleurs inquiétant pour l'avenir.

Finies les heures heureuses où les jeunes riders désargentés, pouvaient se piquer le nez pour pas cher, se déchirer la ruche à moindre frais. Il faudra faire preuve d'imagination, de créativité, trouver des solutions alternatives, oeuvrer dans le développement durable, brasser de la bibine renouvelable. A bannir d'emblée, le jerrican de super. Le prix du baril ne permet plus ce genre de fantaisie. Nous reste, la colle et autres solvants, les médocs à maman, les plantations judicieuses, la champignonnière magique, le petit alambic personnel et artisanal rempli d'un savant mélange de sciure de bois et de fruits divers et variés, ou pour les plus doués d'entre-vous, le coffret du petit chimiste. Bon courage les minots.

Les riders aux tempes argentées ne sont guère mieux lotis. Pour que le mistigri soit plus joli et le paquet-cadeau bien plus beau, on parle aussi d'interdire la vente d'alcool à la bouteille dans les établissements de nuit. Elles vont me coûter bonbon, mes petites soirées au Macumba pour draguer la minette.

Les frangines des bars américains auront également bien du mal à plumer le pigeon. Ce n'était déjà pas simple à la bouteille, dorénavant ce sera mission impossible. Si on lui chauffe la carte bleue à chaque godet, le micheton se lassera vite. At home, qu'il ira se finir le tourtereau.

Encore une invention du petit Nicolas, pénible Zébulon 1er, me direz-vous ? Je vous accorde qu'il est plus souvent à confesse qu'au bar des sports, mais sur ce coup, il ne fait que céder à l'influence des calotins et autres barbus bien-pensants. Il ne va pas se fâcher avec l'église, la synagogue et la mosquée. Faut être sérieux, s'agit pas de perdre les prochaines élections. Pas de regret cependant, soeur Marie-Ségolène n'aurait pas plus résisté. Je me demande même si elle n'en aurait pas rajouté.

  • Je ne sens pas bien ce 21ème siècle. J'ai comme l'impression qu'on va pas se marrer tous les jours.
  • Entre les toubibs qui nous interdisent la clope, pour protéger nos poumons;
  • les ligues de tempérance et encore les toubibs qui nous suppriment l'alcool, pour protéger nos fois et nos foies;
  • les églises de tout bord qui nous privent de gaudriole, pour protéger notre repos éternel;
  • les écolos qui veulent nous interdire le freeride, pour protéger deux brins d'herbe;
  • on n'avance pas vers des lendemains joyeux et chantants.

Quel avenir radieux ! Après deux tasses de verveine menthe, on aura droit à la partie de scrabble. Les jours de grande déconne, cadeau royal, une petite séance de macramé précèdera le coucher. Mais pas question d'amuser guignol !

Il y a même des choses qui vous mettent les foies. Les jeunes riders américains qui se font gauler avec une cigarette qui fait rire, atterrissent en psychiatrie pour les plus chanceux. Pour les malchanceux, c'est poinçonnage d'étoiles de shérif à volonté à la prison du comté. Il parait que les USA ont 20 ans d'avance sur nous. Inquiétant non ?

Finalement je préfére l'autre, de siècle, le 20ème. Quand j'étais jeune et beau. Quand ma pratique du hors-piste m'entraînait sur d'autres pentes et vers d'autres plaisirs. Quand l'oeuvre néfaste de madame Richard n'avait pas encore produit tous ses effets. Quand il existait encore des maisons agréables, bien tenues et bien fréquentées. Avant la fermeture de ces établissements accueillants où l'on sabrait les bouteilles de champagne, où les effluves d'un verre de cognac hors-d'âge vous plongeaient déjà dans la béatitude, où le havane de qualité cotoyait la pipe d'opium bien remplie, où des jeunes filles de bonne famille vous apportaient toute leur attention. Oui, c'était mieux avant, quand ces nobles institutions n'avaient pas encore totalement disparu.

 

Pour les plus jeunes: plus instructif qu'une leçon sur la pose du bonnet de latex, plus excitant qu'une photo de Miss France

* Edito octobre 2008 sur www.lapoudre.com